
À la fenêtre, le rideau mal tiré filtrait la lumière grisâtre du ciel, plongeant la pièce dans une ambiance propice autant à la flemme qu’à la tendresse. Allongée sur le dos, les yeux mi-clos, Ava laissait distraitement ses doigts courir sur le dos large de l’homme lové dans son cou. Dans un silence confortable, ils se laissaient tous les deux bercer par l’appel de la sieste.
Des moments de proximité chaste comme celui-ci, ils en avaient connu de nombreux. Aussi bien lorsqu’ils formaient encore un couple qu’aujourd’hui, séparés par la vie mais toujours reliés par une douceur instinctive, présente depuis le premier jour.
Non pas que le désir eût disparu — loin de là. À chacune de leurs rencontres, Ava le sentait déferler en elle, par vagues aussi fugaces que brutales, se faisant violence pour ne jamais se laisser emporter par l’envie de sentir de nouveau S̈es lèvres contre les siennes, S̈es mains sur ses hanches. Elle percevait aussi, avec une acuité difficile à ignorer, chaque fois qu’Ïl luttait contre l’envie de l’attirer à ¨Lui, de lui embrasser la peau, et de renouer avec la chaleur de son corps et la mélodie de ses gémissements. Et pourtant, depuis leur séparation, aucun écart à cette chasteté n’avait jamais été consenti par elle ; une distance fine et implicite entre eux qu’Ïl respectait.
Était-ce parce que, ce jour-là, lassée de la sensation de compression autour de sa poitrine, elle avait décidé de s’octroyer un peu de confort en ne mettant pas sa brassière ? Les seins ainsi libres sous le tissu fin de son pull, quelque part en elle une brèche s’ouvrait silencieusement, minute après minute, laissant s’échapper suffisamment de sa sensualité pour qu’Ïl la perçoive — peut-être inconsciemment.
Dans cette étreinte câline et sereine, Ava sentait que leurs respirations se modifiaient progressivement : ils ne respiraient pas plus vite, non, mais juste assez différemment pour qu’elle sente l’air se charger d’une énergie plus épaisse que la simple tendresse. S̈es doigts, qui jusqu’à présent couraient innocemment le long de ses flancs, se rapprochèrent petit à petit de la courbe de son sein. Aucun des deux ne bougeait ni ne parlait. Seules leurs mains continuaient à chercher la douceur sur la peau de l’autre, comme si rien n’avait changé. Et pourtant, en elle, tout menaçait de basculer. Dans un soupir langoureux, son corps se détendit, encourageant S̈a main calleuse à continuer sa route audacieuse.
Lorsque S̈es doigts firent, pour la première fois, le tour de son mamelon, un torrent de désir déferla jusqu’à son vagin, qui cria instantanément son irrépressible envie d’être pénétré par ¨Lui. Alors, tandis que, tendrement, Ïl caressait, titillait, pinçait ses mamelons durcis, elle se laissa tomber dans l’instant présent, dans le plaisir du désir. Avidement, dans un gémissement, elle pressa son corps contre S̈on sexe, lui faisant comprendre qu’elle avait conscience de S̈on désir, et qu’elle l’acceptait. Après un instant d’hésitation, Ïl lui rendit cette pression, puissante.
Enfin, S̈es mains agrippant ses hanches.
Enfin, S̈es lèvres retrouvant les siennes, sa langue regoûtant la S̈ienne.
Enfin, S̈a voix suave qui lui murmurait à l’oreille un « je peux ? », auquel elle répondit par un grand oui.
Enfin, S̈es doigts humides qui se frayaient un doux passage jusqu’à son clitoris palpitant.
Enfin, le volume de S̈a verge durcie tenue dans sa main gourmande.
« Je te sens bien… »
Ces mots, qu’Ïl lui glissa d’un ton grave et vibrant qu’elle ne reconnut pas, la firent basculer. Ces années loin l’un de l’autre avaient changé S̈a manière de la prendre. Une énergie plus assumée, plus mature, plus nuancée émanait de ¨Lui et imprégnait chacun de S̈es gestes. Elle se surprit à tomber en transe, non plus par la brutalité, mais par la douceur et la profondeur. Il lui sembla se rappeler d’un temps lointain où la lenteur et la patience procuraient bien plus de plaisir et d’intensité que l’urgence et la brutalité.
« Ça va toujours ? »
« J’ai envie de toi… »
« Quelque chose te fait envie ? »
Ïl parlait peu, mais Ïl parlait bien. Elle se découvrait vibrer aussi fort pour ces marques d’attention que pour les mots crus dont elle avait maintenant l’habitude. Pour une fois, pas de douleurs, pas de contraintes physiques — simplement une intensité virile et respectueuse qui lui donnait une envie irrépressible de s’offrir, de ¨Lui appartenir.
Texte par : Emmanuelle
